scielle, on 24 June 2024 - 04:42 AM, said:
Behind a paywall and I haven't been able to get the full text, but:
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«Je suis : Céline Dion», le calvaire derrière les vivats
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Sur Prime Video, Irene Taylor suit le quotidien de la diva victime du syndrome de la personne raide (SPR). Un récit éclairant sur la douleur et la perte de soi, malgré le pathos et les ficelles marketing autour de son come-back.
«I Am : Céline Dion» d’Irene Taylor. (Amazon MGM Studios)
par Sabrina Champenois
publié le 23 juin 2024 à 17h32
Avant, on se cachait pour souffrir, à commencer par les personnalités publiques. Désormais, on le dit, on le montre, s’assumer et témoigner comme victime est devenu un classique, salué comme une démonstration de sincérité et même de courage : exit les faux-semblants, on acte enfin, du fétu jusqu’au puissant, que l’être humain est fragile, fut-il famous. La démarche est perçue comme exemplaire, geste de solidarité avec une communauté (les malades) et de mise en lumière d’une pathologie, avec fort impact pédagogique. Citons, entre autres, les acteurs Michael J. Fox (maladie de Parkinson), Angelina Jolie (porteuse du gène BRCA1 qui prédispose au cancer du sein ou des ovaires), les chanteurs Selena Gomez (lupus), Lady Gaga (fibromyalgie) et Stromae (dépression), et, dans l’Hexagone, Florent Pagny (cancer du poumon), Bernard Tapie (cancer de l’estomac), Lorie (endométriose). Mais le quidam n’est pas en reste, le récit de la douleur, de la lutte, du deuil, est devenu un registre en soi dans l’agora contemporaine, réseaux sociaux en tête.
Tout de même, dans ce flot, on parie que Céline Dion fera la différence. Parce que Céline Dion, sa popularité, sa surface médiatique. Mais aussi vu ce qu’elle donne. Dans ce qui reste un exercice de communication, elle reste une show-woman exceptionnelle. Le témoignage prend ici la forme d’un documentaire d’une heure et 42 minutes, diffusé à partir du 25 juin sur Prime Video.
Chemin de croix
Le titre, Je suis : Céline Dion, fait promesse d’authenticité et de proximité, d’une vue au plus près et au plus vrai. Or, à moins d’avoir vécu dans une grotte depuis une poignée d’années, on sait : la pop star aux 220 millions d’albums écoulés à travers le monde souffre du syndrome de la personne raide (SPR). Cette maladie auto-immune neurologique rare, qui frappe une personne sur un million, se traduit par des spasmes involontaires et une rigidité musculaire invalidants. Le documentaire en montre très vite un aperçu, avec «Céline» embarquée par les secours, gémissante, les membres bloqués. Plus tard, on assiste à la totalité d’une crise : alors que tout semble aller normalement, la diva est prise de spasmes qui bientôt l’envahissent, la terrassent jusqu’à perte de conscience, crise enrayée in extremis par son kiné à l’aide de Valium. La vie de la bourrasque de Las Vegas a viré au chemin de croix.
On l’aura vu par le menu, entretemps : le quotidien de Céline malade est le cœur du film réalisé par l’Américaine Irene Taylor, dont la filmographie tourne autour du deuil, de la maladie et du handicap. La documentariste, qui a filmé la chanteuse pendant un an, procède par une alternance entre «avant» et «après», le calvaire est rythmé par des extraits du conte de fées, de l’ado prodige sortie de nulle part (une famille très nombreuse de Charlemagne, Québec) qui éclate de rire devant sa propre effronterie («Mon rêve ? Etre une star internationale !») à la Master & Commander qui draine les foules extatiques jusque dans le Nevada, performeuse à l’américaine, triomphante. Le contraste est spectaculaire. Depuis le début des années 2020, Céline Dion est l’ombre d’elle-même, ce qu’elle montre sans fards, au sens propre comme figuré : zéro maquillage, les traits tirés, abattue, souvent en pyjama ou avoisinant. L’image de la défaite.
Musée du glamour perdu
La prison est dorée, une méga villa de Las Vegas (grandes baies vitrées, tableaux, sculptures, dressing de malade, high-tech à gogo, piscine, etc.) où s’active le petit personnel, où Céline se soigne à domicile (perfusions, kinésithérapie, repos), où ses fils René-Charles, 23 ans, et les jumeaux Eddy et Nelson, 13 ans, vivent en petits nababs. Mais, riche et puissante, peu importe, sous-tend le film, face au SPR, même Céline Dion est à terre. Ce qu’elle acte elle-même, souvent face caméra, souvent en pleurs, en deuil d’elle-même, sur fond de (trop de) violons tragiques.
Tout a commencé, explique-t-elle, il y a dix-sept ans, avec de premiers spasmes aux cordes vocales. «Un matin, je me suis levée et après le petit-déjeuner, ma voix est devenue plus aiguë, ça m’a fait flipper parce que généralement, quand un chanteur est fatigué, après un concert, sa voix baisse d’un demi-ton ou d’un ton.» La pop star étalon or de «la grande voix», décrit un élastique cassé, et se décrit en athlète amputée, progressivement privée du «fil conducteur de [sa] vie». La pharmacopée (Valium à hautes doses, les tiroirs remplis de fioles entérinent l’imagerie des stars surmédicamentées) n’a finalement plus suffi, jusqu’à ne plus pouvoir marcher. Et la mobilité retrouvée est partielle, l’entraîneuse se traîne, réduite à femme au foyer, qui passe l’aspirateur, qui donne les croquettes au chien fidèle. L’entrepôt où est rassemblé son passé, des tenues de scène aux dessins de ses enfants, est un musée du glamour perdu.
Sans doute consubstantiel à pareil exercice, le pathos est massif, régulièrement pesant, les allergiques au sentimentalisme ne tiendront pas un quart d’heure. Et on sait que ce documentaire s’inscrit dans une stratégie, la préparation d’un potentiel come-back – la rumeur veut même que Céline Dion pourrait être LA sensation des cérémonies qui accompagneront les JO de Paris. Il demeure que même le non-fan peut y trouver son compte et pas seulement par voyeurisme. Certains moments sont vertigineux, notamment quand elle s’essaie en vain à chanter, vacillements autant terribles, cruels, que sublimes.
I Am : Céline Dion d’Irene Taylor, sur Prime Video à partir du 25 juin.
Documentary
“I am: Céline Dion”, the ordeal behind the cheers
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On Prime Video, Irene Taylor follows the daily life of the diva victim of stiff person syndrome (SPR). An enlightening story about pain and loss of self, despite the pathos and marketing gimmicks surrounding her comeback.
“I Am: Celine Dion” by Irene Taylor. (Amazon MGM Studios)
by
Sabrina Champenois
published on June 23, 2024 at 5:32 p.m.
Before, we hid to suffer, starting with public figures. From now on, we say it, we show it, taking responsibility and testifying as a victim has become a classic, hailed as a demonstration of sincerity and even courage: no more pretenses, we finally act, from the scrap to the mighty, that human beings are fragile, even if they were
famous . The approach is seen as exemplary, a gesture of solidarity with a community (patients) and highlighting a pathology, with a strong educational impact. Let us cite, among others, the actors
Michael J. Fox (Parkinson's disease),
Angelina Jolie (carrier of the BRCA1 gene which predisposes to breast or ovarian cancer), the singers Selena Gomez (lupus), Lady Gaga (fibromyalgia) and Stromae (depression), and, in France,
Florent Pagny (lung cancer),
Bernard Tapie (stomach cancer), Lorie (endometriosis). But the average person is not left out, the story of pain, of struggle, of mourning, has become a register in itself in the contemporary agora, social networks in mind.
All the same, in this flow, we bet that Céline Dion will make the difference. Because Celine Dion, her popularity, her media coverage. But also given what it gives. In what remains a communication exercise, she remains an exceptional showwoman. The testimony here takes the form of a documentary lasting one hour and 42 minutes, broadcast from June 25 on Prime Video.
Stations of the Cross
The title,
I am: Céline Dion , promises authenticity and proximity, a closer and truer view. However, unless you have lived in a cave for a handful of years, we know: the pop star with 220 million albums sold worldwide suffers from stiff person syndrome (SPR). This rare neurological autoimmune disease, which affects one in a million people, results in involuntary spasms and disabling muscle rigidity. The documentary quickly shows a glimpse of it, with “Céline” taken away by the emergency services, moaning, her limbs blocked. Later, we witness the entirety of a crisis: while everything seems to be going normally, the diva is seized by spasms which soon invade her, overwhelming her until she loses consciousness, a crisis stopped at the last minute by her physiotherapist at the hospital. help from Valium. Life in the storm of Las Vegas has turned into a station of the cross.
We will have seen it in detail, in the meantime: the daily life of a sick Céline is the heart of the film directed by the American Irene Taylor, whose filmography revolves around mourning, illness and disability. The documentary filmmaker, who filmed the singer for a year, proceeds by alternating between "before" and "after", the ordeal is punctuated by extracts from the fairy tale, of the teenage prodigy coming out of nowhere (a very from Charlemagne, Quebec) who bursts out laughing at her own effrontery (
“My dream? To be an international star!” ) à la
Master & Commander who draws ecstatic crowds all the way to Nevada, a triumphant American performer. The contrast is spectacular. Since the beginning of the 2020s, Céline Dion has been a shadow of herself, which she shows unvarnished, both literally and figuratively: zero makeup, drawn features, dejected, often in or near pajamas. The image of defeat.
Museum of Lost Glamor
The prison is golden, a mega villa in Las Vegas (large bay windows, paintings, sculptures, sick dressing room, high-tech galore, swimming pool, etc.) where the small staff is busy, where Céline is treated at home ( infusions, physiotherapy, rest), where her sons René-Charles, 23, and twins Eddy and Nelson, 13, live like little moguls. But, rich and powerful, whatever, underlies the film, in the face of the SPR, even Celine Dion is down. What she does herself, often in front of the camera, often in tears, in mourning for herself, against a backdrop of (too many) tragic violins.
It all started, she explains, seventeen years ago, with the first spasms of the vocal cords.
“One morning, I got up and after breakfast, my voice became higher, it freaked me out because usually, when a singer is tired, after a concert, her voice drops by half a tone or of a tone.” The gold standard pop star of “the big voice”, describes a broken rubber band, and describes himself as an amputee athlete, progressively deprived of the “
common thread of [her] life” . The pharmacopoeia (Valium in high doses, the drawers filled with vials confirm the imagery of overmedicated stars) was finally no longer enough, to the point of no longer being able to walk. And the mobility regained is partial, the trainer drags herself, reduced to a housewife, who vacuums, who gives kibble to the faithful dog. The warehouse where her past is collected, from stage outfits to her children's drawings, is a museum of lost glamour.
No doubt consubstantial with such an exercise, the pathos is massive, regularly heavy, those allergic to sentimentalism will not last a quarter of an hour. And we know that this documentary is part of a strategy, the preparation of a
potential comeback – rumor even has it that Céline Dion could be THE sensation of the ceremonies which will accompany the Paris Olympics. The fact remains that even the non-fan can find what he is looking for and not just through voyeurism. Some moments are dizzying, notably when she tries in vain to sing, vacillations as terrible, cruel, as sublime.
I Am: Céline Dion by Irene Taylor, on Prime Video from June 25.